« L’amour du Christ nous presse »
C’est ma devise d’évêque. Et si je l’ai choisie, c’est qu’elle illustre bien ma vie. Le Seigneur a été bien bon pour moi. Chacune de mes nominations a été pour moi source de croissance, de bonheur et de joie. Quand j’y pense, je suis incapable de me souvenir d’évènements négatifs. Il me vient que le souvenir de plein de gens qui ont été pour moi, et dans mon ministère, source de paix et de joie. Ils m’ont soutenu, encouragé, et aidé à toujours aller de l’avant avec la certitude que je pouvais compter sur l’aide et l’accompagnement de l’Esprit Saint.
Quand, en juillet 2011, j’ai été nommé ici dans le diocèse de Nicolet, je ne connaissais personne. Je n’étais jamais venu à Nicolet et, évidemment, je ne savais rien du monde rural. Mais comme toujours, j’ai accueilli cette nomination avec espérance et encore une fois, je n’ai pas été déçu. Je me suis senti rapidement à l’aise dans ce diocèse moins considérable que celui de Montréal, ce qui m’a permis de connaître rapidement les prêtres, les diacres, les agents et agentes de pastorale et plein de gens dans les paroisses. J’ai aimé travailler avec eux, avec les services diocésains.
Avec le temps, j’ai apporté ce qui m’a toujours fait vivre : le « être ensemble », le « faire ensemble », le « marcher ensemble », l’importance de l’implication du plus de monde possible, chacun apportant sa contribution selon ses talents et charismes. Bref, la synodalité dont le pape François nous parle si souvent. J’ai tellement vécu de belles choses en ce sens dans une de mes paroisses à Montréal que j’en rêve toujours et je la recherche sans cesse.
À l’invitation du pape François, on y a beaucoup travaillé dans le diocèse et dans le Forum en Église que nous avons commencé à vivre l’an dernier. De voir que plus de 1000 personnes ont participé m’a rempli de joie et d’espérance. Oui, nous avons fait des pas importants vers cette Église qui, loin de se replier sur elle-même, doit au contraire faire communion dans la diversité et sortir pour faire connaître celui qui nous fait vivre. Oui, l’amour du Christ nous presse à aller toujours plus loin.
Merci à vous tous qui m’avez accueilli, qui avez rêvé et travaillé avec moi. J’ai trouvé ici bonheur, joie et paix. Mais ce n’est pas terminé. J’ai été nommé par Rome administrateur apostolique jusqu’à l’arrivée chez nous de celui qui va poursuivre la mission avec vous tous : Mgr Daniel Jodoin. Cela nous donne du temps pour le porter dans notre prière. C’est avec lui que vous allez continuer à marcher pour être de plus en plus cette Église dont le monde d’aujourd’hui a besoin.
Moi, je deviens évêque émérite. Pour la première fois, je n’ai pas de nomination. Je vais devoir apprendre à être un retraité. Il y aura certainement un peu de ministère. Je ne vois pas comment je pourrais m’en passer. Mais aussi plus de temps pour la prière, la lecture, pour la famille, pour mes amis…
L’amour du Christ saura bien me presser autrement.
+ André Gazaille, Évêque émérite
Administrateur apostolique du diocèse de Nicolet